Si je connaissais l'avenir, je saurais quoi faire

Motivation tip #28

Si je connaissais l'avenir, je saurais quoi faire
Quelqu'un veut bien prendre la décision à ma place - Suite et Fin

Suite et fin des "Motivation tips" #26 et #27 concernant différentes situations de non-action en attente d'un événement externe.

"J'ai besoin d'un "oracle" qui me dise si ça a peut réussir ou si ça ne mène à rien"

J'aimerais tellement connaître l'avenir.
Savoir que le projet que j'envisage ne mène finalement à rien me permettrait d'économiser tant d'énergie !
Et si je savais qu'il est réalisable, quelle énergie joyeuse je pourrais y mettre !

C'est l'effet Pygmalion, ou Pygmalion inversé, poussé à sa limite.
Certains ont une forte sensibilité à l'avis d'un "oracle" (parent, professeur, marabout, ou une certaine représentation de Dieu) qui lui prédise que l’action peut réussir, ou risque fort d'échouer.
Sans un oracle positif, ou avec un oracle négatif, la personne ne peut pas se mettre en route, par peur d'échouer, ou même par certitude d'échouer.
Avec un oracle positif, la personne va être capable de réaliser l'impossible puisqu'elle est persuadée que c'est possible.

Je ne porte pas de jugement du type "c'est bien" ou "c'est pas bien" sur ce raisonnement : il peut conduire à de si belles réussites et à de si tristes abstentions.

Mais il y quand même quelque chose de mal-ajusté à recourir à un oracle : ça étouffe la liberté de choisir : la personne est dans une situation de motivation par régulation externe, qui peut être fortement motivante ou démotivante sur le coup mais qui, surtout en cas d'oracle négatif, est en contradiction avec le besoin d'autonomie, lui-même ayant une influence sur le bien-être (ou le mal-être dans cette situation).

Et si un jour l'oracle ne dit plus rien, il y a un risque d'entrer dans la non-action : dans cette situation très désagréable, la personne est perdue, elle n'agit pas, elle ne choisit pas, sa motivation est figée car il manque l'avis de l'oracle.

(Petite parenthèse dans le domaine spirituel, pour les personnes à qui ça parle : Se mettre dans la posture de recherche d'oracle pour "faire la volonté de Dieu" peut avoir du sens dans certaines situations (en tenant compte toutefois des autres critères de discernement), mais génère un risque de dérive : prendre Dieu pour une idole, un oracle, et bâillonner ce don de la liberté de choix et d'action que précisément il souhaite que nous exercions et qu'il respecte absolument).


Bon. Comment avancer avec tout cela ?

D'abord prendre conscience que dans toute situation future, même la plus "pourrie", il y a toujours des chemins de Vie.
Quels que soient nos choix, les choix des autres, les circonstances.
On peut en avoir peur (ça se gère), mais on peut aussi s'autoriser la confiance.

Ensuite, il ne s'agit pas de mépriser les avis de l'oracle quand ils existent, qu'ils soient positifs ou négatifs. Ils peuvent être reçus, accueillis comme des avis, et être intégrés aux divers éléments qui vont motiver la décision, mais surtout sans étouffer la liberté, sans les ériger au rang d'injonctions ou d'interdictions.

Et quand ces avis n'existent pas, ma proposition est de s'inspirer des méthodes agiles utilisées dans les projets en informatique depuis une vingtaine d'années : elles partent du principe que le futur est inconnu et change tout le temps, et que les objectifs que l'on se donne changent également avec le temps.

Et donc une approche raisonnable dans cette incertitude est :

  • Analyser rapidement la situation telle qu'on la connaît aujourd'hui avec les ressources disponibles aujourd'hui ;
  • Évaluer rapidement la direction générale qui pour l'instant semble la meilleure ;
  • Faire un pas, mais un seul pas, dans cette direction ;
  • Et recommencer.

Plus le cycle est court, mieux c'est. C'est-à-dire : plus le "pas" que l'on fait est petit avant de refaire le point, mieux c'est (ça évite les oscillations d'amplitude trop grande dues au délai de rétroaction trop long)

Avec cette approche, on zigzaguera peut-être, on ne sera pas dans l'efficience, mais on restera dans un réalisme en phase avec l'évolution permanente du monde. À chaque instant, on fera ce qui semble le meilleur compte tenu des informations incomplètes dont on dispose. Et ça me semble préférable au fait d'avancer aveuglément vers un objectif théorique qui ne sera probablement plus pertinent lorsqu'on l'aura atteint.

Donc, si l'idée est de sortir de la non-motivation et du blocage de l'action : faire un pas, avancer, même si on n'a qu'une vision incomplète. On ira toujours quelque part. En n'avançant pas, on ne va nulle part.

Mise en pratique #28

Dans cette mise en pratique, je vous propose de bloquer une journée dans votre semaine pour vivre vos activités en mode "agile".

Concrètement :

Il s'agit d'une démarche cyclique en cinq étapes :

  • Reprendre la todolist.
  • Évaluer (rapidement, intuitivement) la situation.
  • Reprioriser (rapidement aussi) les tâches en fonction des changements dans la situation depuis le cycle précédent.
  • Choisir la tâche sur laquelle travailler (habituellement la première de la liste).
  • Travailler sur cette tâche, pendant quelques minutes ou quelques heures, mais pas plus ! C'est la technique du "petit pas" et c'est le concept le plus important de cette démarche agile : raccourcir au maximum le cycle, ne faire que des petits pas.
  • Et recommencer.    

Au bout de quelques cycles, vous trouverez des astuces pour accélérer la phase d'évaluation (faites confiance à votre feeling) et la phase de repriorisation (un outil comme Google Keep par exemple permet de déplacer facilement des items de todolist).

Un énorme avantage de cette approche agile, et particulièrement pour les personnes ayant une aversion à l'incertitude et au changement de dernière minute, c'est que ce rituel, cette démarche systématique, permet d'introduire une certaine prévisibilité et stabilité dans un environnement mouvant : l'algorithme demeure, on peut s'y raccrocher pour plus de stabilité, même si les sujets traités par l'algorithme sont évolutifs.

De la stabilité en incertitude.

Pour faire une comparaison imagée, c'est un peu la technique de la balle de ping pong jetée dans la rivière : la rivière est mouvante, il y a des courants, des tourbillons, des chûtes, mais la balle de ping pong agit toujours dans la même direction : à chaque instant, elle remonte de quelques millimètres.

Juste ça. Instant après instant.

Et même mouillée, elle n'est jamais engloutie.

Et ensuite ?

Dans le "Motivation tip" #29, je parlerai des jours où il n'y a "Pas d'énergie, plus envie, trop de fatigue".
On en reparle la semaine prochaine.


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