La carotte et le bâton

Motivation tip #10

La carotte et le bâton
Nous prend-on pour des ânes ?

Les carottes et les bâtons sont partout autour de nous ! Par exemple :

  • les notes à l'école,
  • les augmentations au travail,
  • les réductions au super-marché,
  • les mots-magiques "s'il te plaît, merci" au moment où on les enseigne aux enfants avant de leur donner ce qu'ils demandent,
  • et toutes les incitations, récompenses, menaces, chantages et punitions que l'on peut vivre dans son quotidien.

C'est un type de motivation extrinsèque (voir "tip" #9) qu'on peut appeler motivation externe car ce n'est pas soi-même qui se motive à agir (ce serait une motivation interne) mais quelque chose ou quelqu'un d'autre que soi (donc motivation externe).
On l'appelle aussi "régulation externe", au sens où quelqu'un ou quelque chose d'extérieur à soi fixe les règles, contrôle l'action.

Une motivation externe, ou par régulation externe, pousse donc à agir ou à ne pas agir, en vue d'obtenir ou d'éviter quelque chose qui provient de l'environnement.

L'avantage majeur d'une motivation externe est que si la récompense, ou la punition, est suffisamment forte, elle pousse vraiment à agir, elle motive ! 
Très efficace !
Si on vous donne 10 000€ pour chanter sur une place du centre-ville alors que vous avez une voix… non-entrainée, le faites-vous ?

Revers de la médaille : en ce qui concerne la persévérance, dès que l'avantage ou la menace disparaît, rien ne garantit que l'action se poursuive dans le temps.
Si on vous redemande de chanter, désormais sans incitation, le faites-vous ?

De même, ce type de motivation ne garantit en rien la qualité de l'action ("bien" chanter), ni une implication engagée (chanter avec enthousiasme et énergie et attirer les foules).
En fait, une personne qu'on motive ainsi peut se contenter de faire juste ce qu'il faut pour obtenir/éviter les avantages/inconvénients.
À terme, ça peut aussi favoriser le mal-être car la personne peut se sentir "obligée" de faire une action avec laquelle dans le fond elle n'est pas d'accord.
Alors elle la fait, mais un peu contre elle-même.

Dans une démarche d'automotivation (l'idée de ces "motivation tips" étant d'agir sur sa propre motivation) : un facteur de motivation externe de type récompense/punition peut avoir sa place, mais c'est à utiliser avec précaution.
Cela peut être efficace en terme d'atteinte d'un résultat immédiat mais ça ne garantit en rien la qualité de l'action, ni la persévérance, ni le bien-être (peut-être même au contraire).
D'où l'intérêt de travailler à la diminution de l'intensité de ce facteur de motivation, et parallèlement de s'appuyer sur d'autres facteurs de motivations, internes ou intrinsèques ("Motivation tips" #4, #5, #6).

Mise en pratique #10

Je propose de travailler sur la distinction entre motivation externe et interne.

Pourquoi ?
Parce que même si les facteurs de motivation externe peuvent être efficaces à court terme, il est bon d'avoir conscience de leurs inconvénients évoqués ci-dessus.
Et aussi parce que dans la mesure où ils respectent rarement le besoin d'autonomie (vouloir ce qu'on fait), ce sont probablement les facteurs de motivation les plus frustrants, ceux avec lesquels on est mal à l'aise, et donc ce sont les premiers sur lesquels travailler lorsqu'il s'agit de modifier le sentiment global de motivation.

Si vous voulez, vous pouvez reprendre une action que vous avez faite ce matin.
Cette action a été déclenchée par divers facteurs de motivation. Vous pouvez en faire l'inventaire (voir "tip" #2).
Essayez de distinguer dans ces facteurs ceux qui viennent de vous-même (internes) et ceux qui s'imposent à vous par quelqu'un d'autre ou quelque chose d'extérieur à vous (externes).

Ça paraît simple mais il y a des subtilités.
Exemple :

Je vais travailler ce matin.
Ce qui m'y pousse pourrait être :

  • si je ne travaille pas aujourd'hui, je vais ne pas faire de chiffre d'affaires, donc ne rien gagner aujourd'hui → menace, punition, motivation externe (même si c'est moi qui choisis de travailler) ;
  • ce que je vais faire est utile et j'ai envie de faire quelque chose d'utile → motivation interne ;
  • l'habitude : elle s'impose à moi mais personne d'autre que moi ne me l'impose vraiment, ça vient de moi → motivation interne ;
  • ça ne se fait pas de choisir de ne pas travailler sans avoir une bonne raison → motivation interne (le sentiment du "ça ne se fait pas" vient de soi-même, même si ça concerne le regard (supposé) des autres) ;
  • je vais rencontrer un client et il y a de l'enjeu dans cette rencontre : motivation externe ou interne, ça dépend : externe si je vis l'enjeu comme une récompense/punition que le client dispense, interne si je vis l'enjeu comme une action importante pour moi ou pour atteindre un objectif que je valorise.

À vous : parmi les facteurs de motivation que vous avez détectés, quelles sont les motivations externes et quelles sont les motivations internes ?

Et ensuite ?

Je n'en ai pas parlé avant, mais il y a un dernier danger dans l'utilisation de la motivation externe : lorsqu'elle est perçue comme contrôlante, comme un outil qui "force" à agir, elle peut avoir tendance à torpiller la motivation intrinsèque qu'on aurait pu avoir pour réaliser la même action.

Mais pas toujours… en fait c'est subtil. On en reparlera dans le "Motivation tip" #11.


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